crédit photo: Paul Lemaire

Qui êtes-vous ? Depuis combien d’années officiez-vous sur un site d’orpaillage ?
Je m’appelle Masmoudou Sawadogon, artisan minier et président de l’Union Nationale des Associations des Artisans Miniers du Burkina (UNAAMB). J’ai officié sur plusieurs sites de mines artisanales du pays durant une trentaine d’années.

Pourquoi avoir choisi cette activité d’extraction de l’or?
Je ne gagnais pas bien ma vie dans les activités que je menais à l’époque (commerce, mécanique). En effet, exercer un métier en l’absence d’une formation qualifiante peut être un gros handicap. L’activité de la mine artisanale a été une bonne occasion que j’ai saisie sans hésiter.

Quelles étaient vos premières impressions quand vous étiez dans un puits pour extraire l’or à 25m, voire 50m de profondeur ?
En tant que minier, ce n’est guère à la première semaine qu’on descend dans un trou pour creuser et rechercher un filon. J’ai passé trois ans à laver et concasser avant d’y descendre. Au début, c’est vraiment difficile. Les mains et les pieds tremblent.

Quels sont les sentiments qui vous animent à chaque descente ?
Passée la peur des premières journées, la recherche du filon devient l’enjeu principal. Dans certains puits, les profondeurs varient entre 15m et 100 m.

Dans votre activité de mineurs, les éboulements sont légion. Comment faites-vous pour éviter cette situation ?
J’ai été victime d’éboulements à plusieurs reprises. Dieu merci je suis en vie. À mon avis, les causes des éboulements d’aujourd’hui sont très différentes de celles du passé.
Avant, sur les sites d’orpaillage, les supports et distances entre les trous étaient respectés. Aujourd’hui, les mineurs ne respectent plus les règles de base, comme la distance entre deux trous, les méthodes de creusage, etc.
Certains mineurs creusent des galeries internes à la fin de leur filon et empiètent sur celui de leur voisin. Ces situations créent des tensions. Du coup, on ne peut qu’assister à des éboulements à des fréquences élevées générant des accidents plus mortels que par le passé.

Les sites miniers artisanaux sont fermés officiellement, mais pourquoi assiste-ton à des éboulements ?
Les éboulements ne sont pas forcément liés à l’hivernage. Mais c’est le non-respect des réglementations et l’absence d’encadrement des activités sur les sites.

Quelles sont les propositions pour éviter ces pertes en vie humaines sur les sites miniers artisanaux?
Je dirais qu’il faut qu’on s’y mette tous pour éviter ces catastrophes. À notre niveau, je recommande la mise en place d’un comité de veille et de surveillance. L’encadrement des sites devrait être une priorité. Le respect d’une distance minimum de 2 mètres voir 5 mètres de sécurité entre les puits selon les types de mine artisanale.

 

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